Les origines et la création
La Société Belge de Bienfaisance est née en 1921 dans l’esprit d’un certain nombre de gens sensibilisés aux difficultés que pouvaient rencontrer les immigrants belges dès leur arrivée au Canada.Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, l’immigrant, peu importe sa nationalité ne pouvait pas compter sur un filet social comparable à celui qui existe de nos jours.
Fréquemment, l’individu dans le besoin devait s’adresser à des organisations de bénévoles afin d’obtenir de l’aide. Bien que le contingent annuel d’immigrants d’origine belge n’était pas très important, plusieurs d’entre eux s’adressaient au consulat de leur pays d’origine en espérant que celui-ci dispose des ressources nécessaires pour soutenir les compatriotes dans le besoin. Par conséquent, il est logique que ce fut autour du consul de Belgique À Montréal qu’un certain nombre de Belges Manifestent l’intention de se regrouper afin de créer la Société Belge de Bienfaisance.
Les lettres patentes des fondateurs en date du 24 juin 1921
- J.M. Corneille Van Rickstal, consul de Belgique à Montréal;
- Gustave Francq, imprimeur;
- H. Joseph Chaballe, chancelier du Consulat de Belgique;
- Léon Van Aken et Alfred Ducastel, agents commerciaux;
- François Baudelet, employé du Pacfique Canadien;
- Emery De Boeck, négociant;
- Herman de Burlet, affrèteur;
- Pierre Demangeleer, Père Jésuite au Collège Ste Marie;
- A. François Fyen, Directeur de l’École Polytechnique de Montréal;
- J.F.L. Henry Laureys, directeur de l’École des Hautes Études Commerciales;
- Albert Gheysen, ingénieur civil.
La Société était placée sous la présidence d’honneur du Ministre des Affaires Étrangères de Belgique et du Consul Général de Belgique à Ottawa. Le premier Conseil d’administration se composait de Messieurs Alfred Du Castel, président; Léon Van Aken, secrétaire; J.J. Goulet, secrétaire-adjoint; H.J. Chaballe, trésorier.
Les premières années
Il est malheureusement impossible de retracer l’activité de la Société durant cette période initiale, aucun document ni archive n’ayant été conservés. Seules quelques bribes d’informations sont arrivées jusqu’à nous. Ainsi, il apparaît que dès 1922 la Société éprouvait de la difficulté à satisfaire le nombre important de demandes émanant de personnes sans travail.
Entre juin et décembre 1922, les dépenses s’élevaient à 523,53 $ tandis que l’encaisse n’était que de 49,86 $!
Le Conseil réagit aussitôt à cette situation en adoptant des mesures visant à augmenter les ressources. Un bal de charité fut organisé au Ritz-Carlton de Montréal ainsi qu’une collecte publique (une initiative qui prolongeait le Belgian Tag Day durant la guerre). Le bal devint une activité annuelle qui s’inscrivit dans le calendrier des mondanités de la communauté belge. Nous aurions aimé connaître la façon dont la Société réagit durant la Grande Dépression. L’absence de documents nous force au silence et à nous reporter à la fin de cette période.
L’association Belgique-Canada
En 1936, à l’instigation de Louis Empain, l’Association Belgique-Canada décidait de déployer ses activités à Montréal. Bien que son ambition première s’orientait vers le secteur économique, cette association ne tarda pas à regrouper sous son aile la Société Belge de Bienfaisance. Celle-ci comptait sur le soutien financier de son promoteur pour trouver un second souffle.
Le transfert s’opéra et à partir de 1937, les activités de la SBB étaient exercées par le Cercle de Bienfaisance de l’Association Belgique-Canada. Cette mutation n’était somme toute qu’un changement d’étiquette puisque c’était les membres du Conseil d’administration de la SBB qui dirigeaient ce Cercle.
À la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le Cercle se dota d’un Comité des dames. L’avenir démontra la pertinence de cette décision.
Un vestiaire chargé de distribuer des vêtements aux indigents se greffa au secours financier. Des milliers de vêtements furent triés, emballés et distribués par des volontaires parmi lesquelles il convient de souligner le dévouement de Mesdames Kittel, Fyen et Lecart.
Il semble que cette action se soit conjuguée à celle de la Croix-Rouge.
La fin du Cercle et le renouveau
Au début de 1948, le Cercle fut dissout. Le 20 octobre de la même année, la charte de la Société Belge de Bienfaisance fut rétablie.Les années qui s’étendent jusqu’à 1970 apparaissent comme une période de stagnation.
Fort heureusement, cette situation se redressa grâce à l’initiative du Consulat de Belgique à Montréal et à l’activité de trois présidents : Hubert Van Gijseghem, Pierre Bataille et André Vermeirre. Soulignons ici le rôle des conseils successifs et des membres actifs.
Cet élan nouveau donna naissance à des activités adaptées à la transformation du contexte socio-économique de cette fin de siècle. On accorda une attention nouvelle aux personnes âgées et aux étudiants.
À titre d’exemple, l’exercice 1991-1992
Cette année-là, la Société distribua environ $ 16 000 qui se répartissaient de la manière suivante.
- Cinq mille dollars à de l’aide individuelle.
- Cinq bourses d’études universitaires de mille dollars.
- Deux cents personnes de plus de 65 ans participèrent à un dîner gratuit à l’occasion de Noël.
- Quatre-vingt Belges âgés de plus de 80 ans reçurent une visite à domicile et un cadeau à l’occasion de la Noël.
Au chapitre des ressources, les finances de la Société étaient alimentées grâce à l’intérêt sur son capital et grâce au dîner de charité annuel au Club Mount Stephen. On pouvait aussi s’appuyer sur les intérêts du Fonds Biermans. À son décès, ce philanthrope bien connu des Belges, avait cédé une somme de 25 000 $ administrée par une fiducie.
En 1996, Pierre Renaut accédait à la présidence auquel succéda Marc Baje. Trois années plus tard, ce fut au tour de Nicole Conrath de diriger la Société Belge de Bienfaisance en compagnie de son mari, le fidèle secrétaire. Le 25 mars 2010, le Dr Roger Ghys succéda à Mme Nicole Arnould-Conrath.En Mars 2012, ce fut au tour de M. Louis Daubois d’assumer la présidence. En mars 2015, c’est le retour du Dr Roger Ghys à la présidence de la SBB.
Source: André Vermeirre (Novembre 2011)
Né en Belgique, M. Vermeirre a enseigné l’histoire au cégep et à l’université de Montréal. Il détient une maîtrise en histoire et un Ph D. en sciences médiévales. M. Vermeirre a écrit plusieurs livres dont : Hubert Biermans et L’immigration des belges au Québec publiés chez Les éditions du Septentrion.